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Nous avons vu comment identifier et désamorcer nos réactions émotionnelles, maintenant, comment aller plus loin ? Je vous propose d’apprendre à danser avec nos crocodiles.
Nos crocodiles ? J’utilise cette image car à l’origine de nos réactions émotionnelles il y a notre cerveau reptilien, notre “crocodile”*. Si notre cerveau reptilien perçoit un danger, il court-circuite la partie corticale, la plus logique et rationnelle de notre cerveau, prend les rênes et nous oblige à courir, nous battre ou faire le mort. Simple et un peu désuet, certes, mais très efficace dans la nature, face aux prédateurs de toutes sortes !
Ces réactions ne sont pas mauvaises en elles-mêmes. Le problème, comme vu précédemment, c’est leur inadéquation à la situation que nous sommes en train de vivre.
Plutôt que de lui en vouloir, apprenons à danser avec notre crocodile… et ceux des autres !
Les 7 astuces pour désamorcer les crocodiles
Identifier la réaction crocodile chez nous et chez les autres : “Tiens, un crocodile !”
Nous rappeler que cette réaction est plus forte que nous / que la personne en face de nous.
Prendre conscience qu’il y a une logique, un besoin qui se cache derrière cette réaction et qu’il est possible de la désamorcer.
Prendre conscience que derrière chaque réaction négative se cache un talent
Utiliser des techniques simples pour garder/ retrouver notre calme quand les crocodiles sortent en face de nous
S’appuyer sur notre talent et notre style de leadership pour renforcer notre confiance en nous et notre capacité à rester calme
Utiliser des techniques de communication pour développer la confiance en notre capacité à apprivoiser les crocodiles de nos interlocuteurs
Dans les épisodes suivants nous verrons comment répondre, concrètement, à ces différents besoins.
Voici un tableau qui résume les différents principes vus précédemment et permettant d’identifier et de désamorcer les trois types de réactions crocodiles :Nous avons tous en nous les 3 réactions émotionnelles et le dosage n’est pas le même chez chacun d’entre nous. Autrement dit, nous sommes tous plus ou moins sensibles aux différents moyens évoqués ci-dessus. Concrètement, cela signifie que nous pouvons utiliser plusieurs moyens à la fois : nous pouvons à la fois reconnaître et fractionner, ou reconnaître et donner du sens, ou fractionner et donner du sens.
La voix, excellente indice pour savoir que faire
Autre élément très important sur le plan pratique : la voix. C’est le moyen le plus simple et le plus efficace de comprendre ce qui se passe.
Quand quelqu’un parle fort, s’énerve, parle de façon autoritaire, c’est une réaction de type Lutte (Agressivité).
Réflexe N° 1 : écouter, reconnaître, prendre en compte et surtout exprimer notre point de vue en commençant par ET au lieu de MAIS
Exemple : un responsable hiérarchique arrive très énervé et commence à bousculer tous ses collaborateurs présents. L’une d’entre eux a le réflexe de prendre un papier, un stylo et de commencer à noter de façon explicite ce que son manager lui dit, tout en lui disant : « Ok, je vois que tu es très agacé et qu’il y a des choses qui ne te conviennent pas du tout. Dis-moi ce qui ne va pas pour que nous puissions comprendre précisément comment corriger le tir. Que veux-tu que nous mettions en place dans les heures qui viennent ? Et, en même temps, voilà les éléments qu’il nous semble important de te transmettre. »
Quand quelqu’un parle vite, s’agite, passe d’un sujet à l’autre, se met à argumenter de façon envahissante, c’est une réaction de Fuite (Agitation).
Réflexe N° 1 : Rassurer, et pour cela fractionner l’objectif en sous-objectifs atteignables et mettre en évidence tout le chemin parcouru.
« Ok, j’ai l’impression que tu n’es pas à l’aise avec l’objectif que nous nous sommes fixé. Explique moi ce qui te freine, te gêne…Maintenant, regardons ce qu’il faut que nous fassions ce mois-ci pour atteindre notre objectif à 6 mois. Et regarde tout ce que nous avons fait au cours des dernières semaines. Tu vois bien que si nous poursuivons nos efforts et les améliorons légèrement nous parviendrons facilement à atteindre notre objectif du mois. » Dédramatiser, ramener au concret, au factuel, au présent. Réduire les peurs liées à l’anticipation de dangers éventuels. Les personnes qui ont des réactions de type Fuite détestent être prises en faute. Elles ont besoin de se sentir capables d’atteindre leurs objectifs et même de les dépasser. Les personnes qui ont des réactions de type Lutte, au contraire, aiment bien avoir l’impression d’avoir à se battre pour atteindre leurs objectifs.
Quand quelqu’un se tait, se bloque, dis oui mais, instinctivement, nous sentons que ce “oui” sonne faux, c’est une réaction de Repli (Blocage).
Réflexe N° 1 : écouter, prendre en compte, faciliter l’expression de notre interlocuteur et, surtout, relâcher au maximum la pression. Éviter d’être autoritaire, ainsi que toute pression liée aux échéances. Rester le plus zen possible. Si vous êtes stressé, votre interlocuteur Repli le sentira instinctivement et se fermera comme une huître.
Nous verrons, mercredi prochain, comment parvenir à rester de plus en plus calme et/ou serein, surtout si notre interlocuteur à une attitude très difficile à supporter. C’est l’un des éléments les plus déterminants pour obtenir des résultats et, bonne nouvelle, c’est juste une question d’entraînement !
Bien entendu, il n’y a pas de baguette magique, nous ne réussirons pas à danser, du jour au lendemain, avec les crocodiles. Et je vous garantis que vous pouvez y parvenir ! Cela fait plus de 20 ans que je travaille avec cette approche et je vous assure qu’elle permet d’obtenir des résultats rapides et impressionnants. Au cours des dernières années, j’ai souvent été étonné et très agréablement surpris par les résultats obtenus par les personnes qui ont utilisé cette approche.
Et pour y parvenir un principe fondamental : pratiquer, pratiquer, pratiquer !
En conclusion comment transformer les énergies crocodiles en énergie positive ?
Le moyen le plus efficace consiste à cesser de les prendre à rebrousse-poil ! Plus nous nous battons contre les réactions crocodiles, plus elles se défendent et plus elles se renforcent !
Si au contraire, nous les accueillons, chez nous et chez les autres, si nous cherchons à les désamorcer, en répondant autrement aux besoins dont elles sont le symptôme, alors elles se feront moins fortes et nous pourrons utiliser leurs aspects positifs. Nous pourrons alors exprimer pleinement notre potentiel et permettre à nos interlocuteurs d’exprimer pleinement le leur.
Ce sont juste des énergies, avec des aspects positifs et des aspects négatifs. Utilisons pleinement ces aspects positifs.
Note de lecture : * cf le livre de Catherine Aimelet Périssol : “Comment apprivoiser son crocodile” – 2002 – Editions Robert Laffont
Prochain épisode Mercredi 11/11 : Respirer pour enclencher une spirale positive
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